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lundi 3 mai 2010

La Peste

A première vue, Bahia Blanca est une ville ordinaire et rien de plus qu’une cité portuaire de la côte Atlantique. Située à 750 km au sud de Buenos Aires, elle marque la frontière nord de la Patagonie argentine. Son appartenance à la même province administrative que la capitale rappelle la dilatation des distances inhérente à un pays grand comme cinq fois la France. Elle compte 300 000 âmes.
D’aspect tranquille, il faut quelque temps pour apercevoir ce qui la rend différente de tant d’autres villes commercantes, sous toutes les latitudes. Comment imaginer, par exemple, une ville où les chiens errants remplacent les pigeons, où le tri des ordures est assuré la nuit par des boueux sur leur charrue à cheval ?
Pendant l’été, le soleil incendie les maisons trop sèches et couvre les murs d’une cendre grise; les thermomètres dépassant les 45 degrés. La transition avec l’hiver se fait brutalement, au moyen de spectaculaires tempêtes qui permettent en quelques semaines à la nuit de jeter une chape de froid que le soleil à chaque jour plus de mal à dissiper.
Une manière commode de faire connaissance avec une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. Sans doute, rien n’est plus naturel, aujourd’hui, que de voir des gens travailler du matin au soir et choisir ensuite de perdre aux cartes, au café, et en bavardage, le temps qu’il leur reste pour vivre. Mais il est des villes et des pays où les gens ont de temps en temps, le soupcon d’autre chose. Celui de pouvoir s’échapper de sa ville, de changer, le temps d’une fin de semaine, d’atmosphère. En général cela ne change pas leur vie. Seulement il y a eu le soupcon et c’est toujours cela de gagné. A Bahia Blanca, les distances étirées à l’infini interdisent toute évasion. La ville s’est greffée au milieu d’un plateau nu, entouré de collines lumineuses, devant une baie au dessin parfait. On peut simplement regretter qu’elle se soit construite en tournant le dos à cette baie et que, partant, il soit impossible d’apercevoir l’océan qu’il faut toujours aller chercher. Loin, puisque les usines du port ayant contaminé le bord de mer, la plage la plus proche de la ville est Pehuen Co, à 85 km.
Aussi lorsqu’un morceau d’étranger aussi exotique qu’un francais vient se perdre dans cette ville, on comprendra qu’il sucite pour le moins l’attention.
Ceci lui permet d’ouvrir des portes qui, dans une région moins autarcique, lui seraient restées fermées.

3 commentaires:

  1. c'est vrai qu'il écrit bien, le Toinou! Mais on attend la suite du récit, les portes qui se sont ouvertes…
    Z.

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  2. mouai, trop facile quand on est aidé par Camus! je rigole^^. Je n'ai pas lu La Peste mais je suis en train de lire L'été qui regroupe des petits récits (de Camus toujours) sur des villes de méditerranée. C'est marrant parce que ton texte m'a tout de suite fait pensé à la description d'Oran! Preuve que ton texte est très dans l'atmosphère "camusienne"!
    Bisous à vous deux!

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