Rechercher dans ce blog

mardi 15 juin 2010

1853 - 1930

L'Argentine se structure en pays moderne et capitaliste. Se consolide l'état national, le pays s'insère dans le marché mondial, et la grande bourgeoisie de Buenos Aires - l'oligarchie - affirme son pouvoir comme classe dominante. Le pays devient alors un important producteur de matières premières et de produits agricoles - viandes puis céréales - en exploitant les terres de la pampa (cf article du même nom).
A cette époque, la dépendance avec les pays européens était encore de type commerciale. Elle change, à partir du dernier quart du XIXè siècle, avec l'apparition de l'impérialisme et du flux des investissements étrangers, des marchandises et des hommes.
C'est au cours de cette période que se consolide la grande propriété foncière. Occupant déjà 30 millions d'hectares de terres fertiles, elle incorpore encore de grands espaces à l'ouest et au sud grâce à la "Conquête du Désert" - en réalité une guerre d'extermination des indiens.
"Civilisation ou Barbarie " et "Peupler, c'est gouverner" sont alors les mots d'ordre.
Rêve de l'oligarchie : chasser les "barbares"qui vivent sur ces riches terres et peupler le territoire avec l'immigration européenne.

Ce n'était pas un désert.
Ils voulaient un désert.

Mais l'immigration massive qui arrive entre 1880 et 1914 n'a déjà plus accès à la propriété agraire. Accaparées par les grands propriétaires terriens, les meilleures terres ne sont plus disponibles. En 1895, par exemple, la famille Anchorena possède 1 180 000 hectares. Les immigrants n'ont pas d'autre choix que de devenir fermiers et ouvriers agricoles dans les grandes propriétés (les fameuses estancias) ou s'établir artisans, ouvriers ou petits commercants dans les villes. La population passe de 1 700 000 habitants en 1869 à 7 000 000 en 1914.
Le rêve de "faire l'Amérique", l'espoir d'un accès rapide au bien-être et à une position sociale gratifiante, s'évanouissent rapidement.
A cette époque, l'Argentine, le Chili et l'Uruguay sont considérés comme des "dominions honoraires" de l'Empire britannique, c'est-à-dire comme une sorte de colonie.
A titre d'exemple :
  • 90% de la viande bovine est destiné au marché britannique.
  • Sur 13 000 km de voie ferrée, 11 000 appartiennent à des compagnies anglaises.
  • Les firmes anglo-américaines disposent de 780 000 m3 sur 800 000 de capacité frigorifique (industrie indispensable à l'export de marchandise).
texte photographié dans le musée du port Ingeniero White de Bahia Blanca (second port industriel du pays).

White fut un produit typique de la génération des '80 : capital anglais, main d'oeuvre immigrante, pampa et océan pour transporter les céréales jusqu'en Europe.
Eau, électricité, chemin de fer : le progrès était un commerce et un contrat, lorsqu'il pris fin, les anglais s'en allèrent.
La ville luxueuse et moderne qu'est déjà Buenos Aires en 1900 - où se développe une élite moderniste qui suit les tendances culturelles et intellectuelles de l'Europe - s'élève au milieu d'une population pauvre qui ne connaît que l'exploitation.
Le tango qui naît dans les quartiers populaires de Buenos Aires exprime parfaitement cette désillusion par la mélancolie de sa musique et de ses paroles. La déception, le sentiment d'abandon et la solitude imprègnent la vie sociale toute entière.

3 commentaires:

  1. Merci pour le rappel d'histoire, en cette période de bac ça nous rappelle ce qu'on a oublié ! Bon, et comment est l'ambiance coté foot ? Ca marche fort pour l'Argentine (tandis que nous on se ridiculise un peu plus chaque jour...) !!
    Bisous, Annick

    RépondreSupprimer
  2. Côté foot... Les jours de match, on attend une éternité le bus, les magasins sont fermés 3h avant et 3h après, les maîtresses apportent une télé à la garderie, les p'tiots de 3 ans scandent en choeur " Argentina, Argentina ", les chiens portent le maillot argentin, 2 semaines avant on croise des vendeurs à la sauvette à tous les coins de rue vendant maillots, echarpes, bonnets, trompettes aux couleurs argentines (blanco y celeste), les médias ne font même plus semblant de parler d'autres choses... relativement calme donc pour l'instant. On s'attend à bien pire s'ils continuent ainsi.
    Sans parler de Maradona, mythe incarné. Le voir à la télé, donne la même impression que donnerait la vision de Dieu distribuant des hosties.
    Plein de bisous !

    RépondreSupprimer
  3. Waouh, d'accord, c'est le gène local quoi. On a un collègue au labo d'origine argentine, il parait qu'au café quand ses collègues veulent décompresser un peu ils lancent le mot "foot" et il démarre au quart de tour et le spectacle est garanti ;-)
    Bisous, Annick

    RépondreSupprimer